On sent bien que la place du chef commence à aiguiser les appétits. Chez LFI, on – la meute des jeunes loups (et louves) – pense déjà à l’après, l’après-élection, mais aussi l’après-Mélenchon. Le candidat et le député n’ont pas vraiment accordé leurs violons sur le vote LFI en cas d’élimination : anti-Macron ou anti-Marine ? Il faut choisir un adversaire à abattre : le « fascisme » ou la Banque ? Le peuple ou les forces du Marché ? Malaise...
Cette gauche radicale qui joue avec le feu de l’extrême-droite. Face à elle, l’abstention est une complicité très objective.
↪️A Quatennens, coordinateur de la campagne de Mélenchon : « Nous ne dirons sûrement pas » de voter Macron face à Le Pen au 2nd tour. https://t.co/PuX8sqlmI3— Jean-Philippe Moinet (@JP_Moinet) April 2, 2022
Cette annonce ambiguë change la donne à gauche. Appeler à voter contre Marine, c’est faire réélire Macron...
Enfin ! Pour dissiper toute ambiguïté sur sa position, Mélenchon vient de faire savoir qu'en cas de deuxième tour Macron/Le Pen, il appellerait à voter Macron !
— Claude Patriat (@claudepatriat) April 1, 2022
Tintin (ou Quinquin), le député du Nord Adrien Quatennens, est placé devant un choix cornélien en cas de finale Marine/Macron : appeler à voter pour le fascisme fantasmé du peuple français, ou pour le fascisme réel de la Banque ? Ce qui est, en creux, une manière de s’éliminer pour le 2e tour. Peut-être que Mélenchon sait déjà que les carottes gauchistes sont cuites. En tout cas, entre lui et Tintin, il y a dissonance.
La journaliste : Jean-Luc Mélenchon dit qu’il va faire appel à sa base, aux 310 000 personnes qui ont voté pour sa candidature, vous, vous dites « voter pour Marine Le Pen c’est pas une option », est-ce que clairement le 10 avril vous direz, oui, il faut aller voter pour Emmanuel Macron ?
Tintin : Non. Nous ne le dirons sûrement pas, je ne crois pas. Nous dirons, comme nous avons dit en 2017 parce que ce n’est pas une option compte tenu de ce que nous sommes politiquement, c’est-à-dire l’antithèse de l’extrême droite...
Et pas l’antithèse de la Banque ? De la dominance ? Des forces occultes qui occupent l’État, nos institutions, le pays ? Reprenons.
La journaliste : Donc vous ne prendrez pas position.
Tintin : Si, nous prendrons position. Parce que pardon de vous dire, que dire « pas une voix ne doit aller à l’extrême droite », c’est prendre position.
La journaliste : Ça peut aussi dire peut-être aux gens qui vous écoutent dans ces cas-là on s’abstient.
Pas avare d’une contradiction majeure, dans la même phrase ou presque, Quatennens énonce la soumission de la gauche à la Banque, tout en évoquant la « brutalité » de la Banque :
Que ce soit bien clair, le vote Rassemblement national ne sera pas une option. Mais vous savez, c’est le rayon paralysant sinon. C’est-à-dire qu’en gros vous ne pouvez plus rien faire. Et quand vous avez un président de la République sortant qui vous annonce un programme d’une brutalité sociale sans nom... ».
Si l’on saisit bien la « logique » gauchiste, le prétendu antifascisme de LFI prime l’intérêt national, celui des Français qui souffrent de la politique brutale antisociale néolibérale de Macron ! Battre le populisme de droite est plus important que de faire gagner le peuple français. Le populisme de gauche est donc l’allié de la Banque contre les Français.
Pourtant, en 2018, en Italie, les forces populaires de droite et de gauche ont fait alliance, et c’est historique – et précurseur –, pour mener une politique originale à la fois sociale et nationale. Un grand mouvement de panique a alors agité les formations européistes, toutes inféodées à Goldman Sachs ou au Marché. On s’en souvient encore, l’establishment français a tremblé.
L’expérience, même courte, a prouvé qu’une autre voie était possible, voie dont les dirigeants LFI ne veulent pas entendre parler. Alors ils ne seront jamais au pouvoir, ni eux ni le RN, car ils empêcheront de fait les forces nationales d’y participer. C’est un suicide politique, et une condamnation des intérêts du peuple français au profit de la Banque. Qui se frotte les mains de cet aveuglement idéologique.
Le gauchisme est bien un sous-programme de la droite (dure) pour baiser les pauvres.
Mélenchon, lui, en 2017, avait habilement laissé planer le doute, tout en appelant à faire battre le fascisme du coin de la bouche. Le problème, c’est comment récupérer les voix ex-communistes ou « sociales » de Marine Le Pen, sans perdre les voix gauchistes piquées aux petits candidats ? D’autant que Mélenchon, s’il fait un pas de travers (du côté des barbelés électrifiés), est dans le viseur du lobby. La preuve :
Le dessin de presse cette merveille d’acuité… bravo @franctireurmag @CarolineFourest @Enthoven_R @KhanNRachel @BanonTristane ! pic.twitter.com/JGQpZgKxQC
— ANAIS BOUTON (@ANAISBOUTON) April 1, 2022
On te voit, semblent-ils dire. BHL, porte-parole du socialo-sionisme, donne le ton :
Sidérant de voir les opposants à #Macron s’engouffrer ds ce pseudo #McKinseyMacronGate sur fond de complotisme et antiaméricanisme. Et ce, alors que #LePen et #Melenchon sont mis en examen, eux, en vrai, pour détournement de fonds publics & escroquerie. Vite, maintenant, le débat
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) April 1, 2022
Depuis que le programme national de Marine a été neutralisé (ou sionisé), c’est de Mélenchon que peut venir le danger pour le lobby. D’où la pression intense du CRIF sur le leader de LFI, surtout en période de supercrise : où vont aller les mécontents, si toutes les portes démocratiques se ferment ? Descendront-ils dans la rue, la seule et dernière option, à cause d’un problème de représentation et sous la violence des coups de la Macronie ? 1933, te revoilà !